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Edouard de La Gandara


Le frère d’Antonio, Edouard est son cadet d’un an. Il vécut dans l’ombre de son frère qu’il admirait. Alors que l’artiste émergeait doucement en pleine lumière, il était son confident, son secrétaire en quelques sortes. Puis vint à partir de 1884, sa rencontre avec Sarah Bernhardt et sa passion pour le théâtre. Avec la troupe de Sarah Bernhardt, il a parcouru l’Europe et les Etats-Unis, associé à tous les grands succès de la Divine comme l’appelait ses inconditionnels.


Jean Dara en costume de scène à ses débutsOn recense sa participation sous son nom de scène Jean Dara (anagramme phonique de Gandara) dans :


Théodora, en 1884 est sans doute sa première apparition aux côtés de Sarah Bernhardt. Puis vient La Tosca en 1887 où Sarah Bernhardt interprète Floria Tosca alors qu’il doit déclarer en mairie une enfant anonyme que son frère vient d’avoir au cours d’une liaison adultérine avec une actrice de l’Odéon. Elle s’appellera Floria Tosca.


Dans les tournées aux États-Unis en 1896, Il interprète notamment Giustiniani dans Gismonda et en 1900 au Garden Theater le 18 décembre il figure dans la distribution de La Tosca avec le rôle de Schiarrone.


Aux Etats-Unis il participe à l’excursion de la troupe aux chutes du Niagara et on l’aperçoit sur la photo souvenir prise par les journalistes américains qui suivent la star. Au retour au Havre, il est aux côtés de l’actrice sur le bateau photographié à l’arrivée.


Dans la tournée londonienne de 1897 et 1898 à l’Adelphi Theater il est présent dans Lorenzaccio où il est le Cardinal Cibo Malaspina ; dans La Dame aux Camélias, il est le comte de Giray ; dans Fédora, il joue Boroff ; dans Spiritisme, il est Georges ; dans La Tosca, il est à la fois Trévilhac, Schiarrone et le procureur. Il interprète Rosencrantz dans Hamlet, Panope dans Phèdre, Pitou dans Frou-Frou.


Jean Dara, le troisième à partir de la droite dans La Samaritaine


Il joue dans La Samaritaine en 1897 comme on le voit sur une photo d’époque et en 1898, il est sur scène à Monaco.


Pour la première de L’Aiglon le 15 mars 1900, il est le machiavélique comte de Sedlinsky.


Dans Théroigne de Méricourt il interprète le rôle du directeur de La Salpêtrière en 1902. Puis dans La Sorcière en 1905 il joue de Fray Théofilo Barra et on le voit sur un reportage photographique et c’est alors que du théâtre, il passe progressivement aux antiquités. Sa nouvelle profession est déclarée dans l’acte de mariage de sa nièce Floria Tosca.


Il a de l’entregent, il est même reçu en audience privée par Pie X le 28 mars 1913. La correspondance qu’il a entretenue avec les écrivains et les artistes après le décès de son frère, éclaire un large tissu relationnel. Il est sociétaire de l’association philotechnique et joue de la harpe.  Il devient spécialiste du mobilier empire dont il partage le goût avec Antonio et son épouse. Propriétaire de plusieurs immeubles parisiens; celui du 22 avenue de Saxe et du Café de Flore. Il est installé sur le quai Voltaire dans un célèbre voisinage (Cécile Sorel, Carolus Duran, Les Delarue Mardrus...). Il y a son magasin qui ne sera pas épargné par la fameuse crue de 1910. Sa clientèle est celle de la haute société parisienne. Bibliophile, il a son ex-Libris. Il reçoit de nombreux ouvrages avec envois de Colette, de Maurice Donnay, de la comtesse de Noailles, Anatole France etc. qui honorent aujourd’hui les bibliothèques familiales.

Dans La Sorcière à droite de Sarah Bernhardt


Dans La Virreina MexicanaDoña Maria Francisca de La Gandara de Calleja, José de Jésus Nuñez y Dominguez décrit le personnage : “ […] il possède une boutique élégante de cette nature au 25 quai Voltaire, sur les bancs de la Seine, dans le quartier classique des antiquaires. Élégant de port, aristocrate de manière, vêtu irréprochablement, M. Édouard de La Gandara brille entre les objets d’un goût raffiné qui se trouvent chez lui: les meubles d’une facture somptueuse, les porcelaines délicates, les cristaux, les bijoux, les tableaux, les émaux, les camées, les gobelins, tout ce qu’il y a de plus précieux produit par l’art et le travail industrieux des hommes pour le plaisir et la satisfaction de ce qui est beau, tout cela convient à un gentleman d’origine mexicaine, mais profondément parisien. Attiré dans sa jeunesse par une des grandes étoiles de l’art de la scène française [Sarah Bernhardt], pour être plus près d’elle, il accepta de jouer certaines scènes avec la troupe de la Comédie française. Ce fut la grande passion de sa vie, en accord avec son tempérament d’artiste, qui eut l’honneur d’un amour discret et pur, lui permit de se rapprocher d’une institution aussi illustre que le Théâtre français. De là date l’amitié qu’il cultiva avec des auteurs de théâtre les plus fameux et avec les personnalités les plus éminentes de la scène parisienne. Puis, s’étant retiré de ces activités, il s’entoura de ses splendides objets évoqués plus haut pour poursuivre le culte de l’art. […] Alors que je me trouvais à Paris, sa nièce Antonia, fille cadette de son frère, se maria : Je lui ai offert, comme cadeau de mariage, une photo de la vice-reine Calleja… »


Edouard de la Gandara, au dernier rang (2ème à partir de la gauche)Lucie Delarue-Mardrus, dans ses mémoires parues chez Gallimard en 1938, présente son voisin et ami qu’elle fréquente depuis près de quarante ans : « Quoiqu’il en soit, terminée aux premiers jours de 1923, ma poupée, nouveau portrait, fit, telle qu’elle était, l’émerveillement d’Édouard de La Gandara, frère du célèbre peintre, un voisin bien proche puisque son magasin du quai Voltaire est à deux pas du n° 17 [domicile Mardrus]. – Je vous le laisse sur mon testament !... lui dis-je. Et le regard pointu de ses yeux écartés, si noirs sous une tignasse de gitan, me remerciait, accompagné de ce sourire qu’on aime tant chez le plus parisien des seigneurs espagnols. Édouard de La Gandara, c’est quelqu’un qu’il faut se dépêcher de regarder, car, lui disparu, jamais on ne reverra l’équivalent. On le surprend derrière ses bleus de Chine et toutes autres merveilles, jouant de la harpe pour lui-même, ou peut-être pour Dieu, car sa dévotion est celle d’un croyant du Moyen âge. Il se lève à votre arrivée, mince, élégant, courtois et comme dansant. Son accueil vous enveloppe aussitôt de fluides bénéfiques. Il parle. Sa voix harmonieuse respecte toutes les liaisons et même les accentue sans qu’on sache si, derrière ce souci de langage choisi, ne se cache pas quelque jeu, tant il y a de gaieté sur ses traits bien racés. “Il y avait-t-hier cinq personnes z’au magasin...” L’histoire continue selon ce mode recherché. Les e muets tiennent aussi leur place dans son discours. “C’est beau, la vie-heu, madame Delarue-heu !” Enthousiaste et comme frémissant, il est heureux; heureux de tout parce qu’il est chrétien, parce que, chrétien, il est généreux et bon comme devraient l’être tous les chrétiens, enivré d’espoir comme ils ne le sont pas assez.


Quand mourut son frère Antonio, qu’il aimait tant : – Je suis heureux, madame Delarue-heu ! Dieu l’a pris z’au ciel, et je suis sûr de le retrouver r’auprès de Dieu ! Son leitmotiv: “La vie est admirable!” Il sait s’amuser comme un enfant, se réjouit avec des rires de bonheur d’aller le soir au cinéma, raconte, joyeux, de petites aventures de tous les jours [...]. »


Au décès d’Antonio de La Gandara, il sera l’exécuteur testamentaire. On lui doit la préservation d’œuvres majeures et de précieux souvenirs. Ces pièces furent rassemblées par des collectionneurs amis de la famille qui fréquentèrent la galerie Lorie du quai Voltaire. Cette galerie prit en charge son magasin lorsqu’il se retira des affaires. Elle était cogérée par Antonia de la Gandara et Gabrielle Lorie alias Laurain puis par Antonia, la fille d’Antonio et son époux Thadée Kopczynski jusqu’aux années 70. Edouard de la Gandara avait rejoint son frère au Père Lachaise en 1944. 70.


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