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Liane de Pougy


Anne-Marie Chassaigne est née en 1869. Divorçée d’Henri Pourpe avec lequel elle eut un fils Marc, elle gagna sa célébrité en faisant carrière de courtisane. Par son second mariage, elle devint princesse Ghika.


Elle vient de débuter aux Folies Bergères lorsqu’elle fait la connaissance d’Antonio de La Gandara. Le charme opère très vite puisque le 25 avril 1895, il est invité à une soirée déguisée où seuls deux habits noirs avaient été admis : Isidore de Lara et lui très affairé au vernissage du salon ce jour là.


Jean Lorrain, Robert de Montesquiou sont pour Liane de Pougy des références artistiques si ce n’est masculines et leurs chemins  se croisent souvent avec celui de La Gandara. Lorsque Montesquiou se bat en duel, Liane fait part à Antonio de son inquiétude tout comme lorsque Jean Lorrain est souffrant. Quand elle reçoit un carton d’invitation du comte illustré par un dessin d’Antonio, elle fait part au peintre de son bonheur : Carte postée d’Egypte - "Mon cher Antonio, J’ai reçu le carton mondain avec votre admirable dessin et les vers exquis de Montesquiou. Voulez vous lui dire combien j’en suis charmé. Une vrai musique de rêve… Vous savez quels sentiments de sympathie affectueux d’admiration je vous ai montré. Avec ce bisous. Liane" (BNF NAF 15124 f. 21). Enfin, lorsque Yturri disparaît et que Montesquiou écrit son Chancelier de fleurs, elle demande à Antonio d’intercéder : "Ce Jeudi. Cher Ami, Je reçois un mot de Liane de Pougy me demandant comment elle pourrait obtenir un exemplaire de votre livre ‘Sur l’amitié’. En me répondant à ce sujet vous feriez un bien grand plaisir à cette courtisane célèbre..." (BNF - NAF 15152   ff. 58-61)


Pastel représentant Liane de PougyDans Femme d’Aujourd’hui, on apprend dans un article de Jacques Doucet daté de 1905 " … Lui a-t-on assez reproché d'être le peintre favori de Liane de Pougy. Eh ! Quoi, si la jolie théâtreuse ne connaît pas un artiste capable de mieux traduire son visage délicat, pourquoi se priverait-elle de cette satisfaction et qui peut s'en plaindre ?… Ainsi a-t-il fait d'elle quatre ou cinq effigies qui représentent sans monotonie, la même personnalité". C’est en 1901, au salon de la Nationale qu’est exposé le premier portrait que fit d’elle La Gandara. Il s’agit du pastel reproduit en frontispice de l’ouvrage de l’auteur d’Idylle Saphique. Un livre qu’elle envoie à son frère avec cette dédicace : "A Edouard de la Gandara poète – artiste – ami – peintre – musicien – j'offre avec timidité et émotion cette 'Idylle Saphique' de ma jeunesse pour qu'il pose dessus une couronne fleurie à travers laquelle on verra la paix du Ciel. Liane Pcesse George Ghika."


En 1903, par divers témoignages et reportages, La Gandara s’attelle au grand portrait à l’huile de son modèle sur place au 13 rue de la Néva. Il l’écrit à Montesquiou (BNF NAF 15300 f. 95) et Reynaldo Hahn assiste à une séance de pose "Observations, réflexions diverses, hier, après deux heures passées chez Liane de Pougy pendant qu'elle posait pour La Gandara. Beauté surnaturelle de cette femme, poésie céleste qui dérange ma sceptique quiétude." (Notes, journal d’un musicien - Plon, 1933)


Liane de Pougy chez ellePortrait de Liane de Pougy

Photo de Liane de Pougy chez elle et reproduction de son portrait par La Gandara


La rumeur d’une liaison exista et paraît probable mais l’anecdote racontée sur  www.apophtegme.com n’est pas établie bien. Elle mérite d’être évoquée ici : 15 rue de la Néva - Un hôtel particulier couleur blanc cassé dresse sa curieuse façade théâtrale entre deux immeubles gris. Ce bel hôtel, bâti dans le style flamboyant de la Belle Epoque, fut durant une saison l'atelier d'Antonio de la Gandara (1861-1917), un artiste peintre à la mode, connu autant pour ses bonnes fortunes que pour son talent. Amoureux fou de la célèbre danseuse dont il brossa plusieurs portraits et fréquenta le salon, il souhaita se rapprocher d'elle car très jaloux, il se sentait profondément vexé de ce que la belle lui préférât des amants moins beaux mais mieux nantis. On dit que le bel Antonio alla jusqu'à entreprendre de faire percer le mur qui séparait leurs deux hôtels pour surprendre la cruelle dans son sommeil mais que les ouvriers par trop maladroits furent découverts..."


Nous sommes en mai 1903 et la presse relate le vol du collier de Liane de Pougy: "... Devant son portrait que vient de commencer La Gandara et qui doit figurer au prochain salon, Liane explique l’importance de cette perte dont le montant s’élève à plus d’un demi million de francs (...) Devant cette succession de pertes, la superstitieuse Liane ne peut qu’accuser le mauvais sort, ou le mauvais oeil de la Gandara qui n’en finit plus de terminer son portrait. Elle se demande aussi si sa favorite du moment, Yvonne de Buffon, ne porterait pas malheur ? (Jean Chalon dans Liane de Pougy Courtisane, princesse et sainte - Flammarion – 1994). "Le superbe collier de cinq rangs de perles dérobé à Mme Liane de Pougy n'est pas encore retrouvé, et le voleur a beaucoup de chances de n'être jamais arrêté. Ce joyau incomparable n'est pas un collier de chien, ainsi que l'ont écrit inexactement quelques-uns de nos confrères, c'est un collier 'en chute', s'étageant sur la poitrine. Il comprend un total de 367 perles. Le premier rang se compose de 67 perles, le second de 71, le troisième de 73, le quatrième de 77 et le cinquième de 79 perles. Les cinq rangs se réunissent et s'agrafent sur la nuque par un fermoir enrichi de brillants (…) Les domestiques de l'artiste, qui sont une cuisinière, deux femmes de chambre, un maître d'hôtel et un cocher ont été interrogés, mais aucun d'eux n'a pu fournir un renseignement utile. M. Mourgues a également entendu deux amis de Mme Liane de Pougy, M. Rouff, membre de la chambre syndicale des couturiers, et M. de la Gandara, artiste peintre. MM. Rouff et de la Gandara, qui ont leurs grandes et petites entrées dans l'hôtel de la rue de la Néva, sont absolument certains que le vol n'a pas été commis par un domestique de l'artiste..." (Le Petit Parisien). "Liane reçoit beaucoup dans son coquet hôtel de la rue de la Néva, aussi lui arrive-t-il assez fréquemment d'être volée. Avant-hier, on lui dérobait un riche collier de cinq rangs de perles; mais, cette fois, les recherches de la police sont demeurées sans résultat. Liane est désolée. Elle nous a confié sa tristesse…. Durant ces confidences, le peintre des élégances mondaines, M. Antonio de la Gandara, s'interrompait par moment de peindre le portrait grandeur naturelle qu'il fait de Liane, et qu'il destine au prochain Salon, pour souligner ses bons mots d'un sourire approbateur. j. P." (Le Radical du 18 mai)


Tout ce remue ménage, aura pour conséquence que la princesse Ghika fit une fixation sur ce tableau qui coïncidait avec le malheureux événement. Elle lui trouvait tous les défauts, ne s’y reconnaissait pas et ne voulu jamais qu’il soit exposé. Elle écrit dans ses Cahiers bleus " La Gandara… J’ai un grand portrait de moi par lui, raté comme ressemblance. Prétentieux. Il a voulu me faire une tête bouclée que je n’avais pas, cela ressemblait mieux à mon moral, arguait-il ! Alors on fit poser… une perruque sur une tête de bois ! La pose des pieds était fatigante. On fit poser des bas sur un vulgaire modèle ! Ce ne sont pas mes pieds. Mes pieds sont beaux, classiques, ceux du modèle commun et retroussé. Drôle de portrait ! Sinistre portrait, devrais-je dire. Nous devions l’appeler La dame aux perles. Il devait être exposé. Pendant son exécution survient le vol de mon collier à cinq rangs. La Gandara portait malheur…mon portrait s’en ressentit. Avant le vol il venait magnifiquement, après ce fut comme un mauvais sort ou comme un fait exprès, mais chaque coup de pinceau l’abîma. Je n’ai pas permis qu’il fut exposé." Aussi, lorsqu’en 1921, elle est saisie par une frénésie de ventes, elle abandonne son pavillon de Noailles, elle liquide bibelots, meubles et son portrait par La Gandara dans la foulée. C’est son ami Georges Rochegrosse qui lui sert d’intermédiaire avec le musée d’Alger qui sera l’acquéreur. On suit dans une abondante correspondance les divers tourments occasionnés par cette vente au travers de sept lettres référencées 1992 dans la collection Frits Lugt de l’Institut Néerlandais. Il fut vendu 2000 francs et mis à disposition du Foyer civique d'Alger, l’actuel siège de l'Union Générale des Travailleurs Algériens, il n’est pas localisé à ce jour. Il a été reproduit tardivement et après la disparition du modèle en 1978 dans la revue érotique Fascination puis en 1983 dans Jours de France pour illustrer un article la concernant.


Un dessin de son fils Marc Pourpre et deux pastels représentant la princesse furent montrés en avril 1905 au salon de la Nationale. Ils sont reproduits ci-dessous.


Reproduction d'une étude pour un portrait de Liane de PougyDessin de Liane de Pougy


La vie turbulente de la courtisane s’achève de manière inattendue car devenue mystique Liane devient Anne Marie Madeleine de la pénitence et rentre dans les ordres pour terminer pieusement son existence en 1950.


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